Lieu de patrimoine historique et culturel

La Monnerie, une industrie à la campagne

En bord de Tardoire, la Monnerie est un lieu emblématique pour aborder l’histoire industrielle en milieu rural. Avant le 18ème siècle, un moulin et un pressoir sont implantés sur le site. A la fin du 19ème siècle, sa dimension industrielle prend de l’ampleur : le moulin est transformé en filature et les premiers logements ouvriers sont construits. On s’approvisionne alors en laine locale pour fabriquer de la maille.

L’ère Moreau

En 1906, la famille Moreau achète la bonneterie. Elle agrandit et modernise l’usine, qui constitue, avec plus de 600 salariés, le premier bassin d’emploi des communes alentour. Elle devient la 1ère usine textile du quart sud-ouest et la 23ème au plan national. Son histoire est celle des campagnes ouvrières dans lesquelles les paysans constituaient, quelques mois par an, une main d’œuvre au profit du développement industriel. La crise de l’industrie textile amorce le déclin de l’usine, qui est vendue en 1984 et ferme définitivement en 1996.

La force hydraulique au service de l’industrie 

La Tardoire a façonné l’attractivité pour ce site au fil des siècles. L’énergie hydraulique est mise au service des moulins et du pressoir, puis de différentes turbines hydro-électriques.
Pour accompagner le développement industriel de la Monnerie et augmenter la puissance produite, des travaux ont transformé la rivière. Son cours est détourné et la construction d’un barrage permet de retenir l’eau pour former une chute et faire tourner les turbines.

Un étang en évolution

L’étang est progressivement agrandi, pour les besoins industriels puis de loisirs (baignade, pêche), passant d’un hectare en 1839 à presque six dans les années 1970. L’entretien régulier du plan d’eau par les manœuvres des vannes, vidanges et curages, garantissent son maintien en bon état et la productivité de l’usine. La fermeture de l’usine marque la fin de l’exploitation énergétique de l’étang et de son entretien rigoureux : c’est le début de sa dégradation.

Le saviez-vous ?

  • Une verrière de l’ancien logement patronal est réalisée par Francis Chigot, maitre verrier limousin.
  • En 1978 l’usine est choisie comme modèle d’entreprise rurale à main d’œuvre majoritairement féminine, et reçoit la visite de Mme Giscard-D’Estaing .

Effacement de l’étang

La renaturation de la Tardoire

Le constat d’une dégradation 

La cessation de l’activité industrielle a entrainé un enchainement de problématiques. Sans ouverture régulière des vannes, l’accumulation de sédiments a fini par combler le plan d’eau. Les teneurs en métaux lourds relargués par les activités industrielles en amont sont devenues trop importantes. La jussie à grandes fleurs, une plante exotique envahissante a ensuite colonisé la surface de l’eau. L’étang était entièrement comblé et pollué, le milieu était asphyxié et néfaste à toute vie aquatique.

Face à ce constat et aux contraintes réglementaires imposées par la Loi sur l’eau, la Communauté de Communes Ouest Limousin, propriétaire de La Monnerie, a décidé de procéder à l’effacement de l’étang.

Quels enjeux ?

  • La sécurité publique mise en danger avec un barrage dégradé
  • La qualité de l’eau potable menacée, puisqu’un captage puise l’eau de la Tardoire pour alimenter la population
  • La biodiversité appauvrie par la dégradation du milieu aquatique
Le projet : Vidange de l’étang par abaissement progressif chaque année, pendant 4 ans, puis destruction du barrage (hauteur : 1,70 mètres).
  • Durée

    2017 :

    • suivis biologiques de l’état initial du site
    • travaux préparatoires
    • abaissement de 50 cm

    2018, 2019 :

    • abaissement de 40 cm chaque année

    2020 :

    • abaissement de 40 cm
    • déconstruction du barrage
    • remise en état du site

    2021 :

    • suivis biologiques de l’état final du site
    • inventaire de la faune et flore
  • Coût

    400 000 €

Un projet d’ampleur pour restaurer les milieux aquatiques 

Un chantier de grande ampleur a été mené de 2016 à 2021 par le SYMBA Bandiat-Tardoire, structure compétente pour la gestion des milieux aquatiques.
L’abaissement progressif du niveau d’eau a duré 4 ans ce qui a permis de limiter le départ de matières fines et de jussie vers l’aval, et d’éviter toute pollution.

Ce projet a pris la forme d’une opération de renaturation au long terme. Au lieu d’effacer l’étang rapidement de manière mécanique, l’évolution naturelle du milieu a été accompagnée et la Tardoire a d’elle-même retracé son lit.

Un équilibre retrouvé

On retrouve maintenant une rivière courante et dynamique, et des zones humides annexes se sont formées. La truite fario, espèce indicatrice de la qualité de l’eau, et l’anguille européenne, grand migrateur menacé d’extinction à l’échelle mondiale, retrouvent un habitat favorable à leur cycle biologique.
Cet espace naturel ne cessera d’évoluer au fil des années, afin de conserver son équilibre écologique.

La zone humide : une richesse à préserver

La communauté de communes s’est engagée à préserver les zones humides du site sur une dizaine d’hectares en partenariat avec le Parc Naturel Régional Périgord-Limousin.

Une mozaïque d’habitats naturels 

Tantôt ouvertes, tantôt fermées, les différentes zones humides s’imbriquent les unes avec les autres pour constituer un environnement propice au développement de la biodiversité. La zone ouverte devant vous est une mégaphorbiaie, un habitat typique et assez rare caractérisée par une végétation herbacée de grande taille qui apprécie les sols riches et humides. En amont, sur votre gauche, vous pouvez observer des boisements constitués principalement de saules et d’aulnes qui sont des arbres spécifiques des milieux humides.

Une flore variée 

La zone ouverte présente un sol riche en nutriments (azote, phosphore), dû à l’accumulation dans les vases de l’ancien étang. Ces conditions sont favorables aux espèces telles que la renoncule poivre d’eau, le jonc diffus, l’ortie dioïque, la salicaire commune, ou encore l’angélique sylvestre.

Une faune protégée 

De nombreuses espèces animales ont été inventoriées sur le site et profitent de la diversité des habitats. On retrouve une variété de mammifères (loutre d’europe, chauve-souris…), oiseaux (martin pêcheur, cincle plongeur), amphibiens (salamandre, tritons, grenouilles), libellules et mollusques. Certaines de ces espèces sont rares au niveau national et pourtant bien présentes en Périgord-Limousin. Elles retrouvent ici un habitat favorable à leur développement.

A quoi servent les zones humides ?

Les zones humides présentent de nombreuses fonctions : régulation et stockage des eaux en période hivernale, relargage en période de sécheresse, purification de l’eau, et accueil de la biodiversité. Ce sont aussi des éléments remarquables du paysage et du patrimoine local qui contribuent à l’économie (pâturage, tourisme).

Sur les traces de La Monnerie en vidéo  

Ce film, réalisé en 2021 retrace l’histoire et l’évolution du site de La Monnerie de son développement industriel à la rennaissance d’un milieu naturel prisé pour sa diversité.